C’est la rentrée ! On remet le couvert ! Des parents membres du collectif Cantines Toulouse ont fait leurs devoirs de vacances : ils vous racontent dans cet article ce qu’ils ont découvert en remontant la filière du poulet bio servi dans les cantines toulousaines. C’était juste avant les vacances.
Le saviez-vous ? A la cantine, nos enfants ont droit une fois par mois à du poulet bio provenant de la région. Bio et local : on ne peut qu’approuver, même si on aimerait que le poulet servi dans les cantines toulousaines soit toujours de cette fibre-là ! Ci-dessous, le récit de Laurent : avec d’autres parents et sur invitation de la cuisine centrale, il a bravé la chaleur estivale pour aller rencontrer ces poulets élevés dans le Tarn-et-Garonne et se renseigner sur ce que picorent ces savoureuses volailles.
Récit ___________________________________________________________
Mercredi 21 juin, nous avons rendez-vous à 7h au MIN (le marché d’intérêt national) de Toulouse, pour visiter deux maillons de la chaîne d’approvisionnement en poulets bio de la cuisine centrale.
La journée est organisée par Pascal, commercial pour Blason d’Or. Nous commençons par une rapide visite du dépôt pour voir les volailles qui arrivent de l’abattoir de Saint-Laurent- des-Vignes (24) très tôt le matin et sont ensuite livrées aux supermarchés, commerçants, restaurants et cantines de Haute-Garonne.
Etape 1 : comment sont fabriqués les aliments pour la volaille
Notre première destination est une usine de production d’aliments pour animaux à Sainte-Livrade (47). Elle appartient à la coopérative Terre du Sud qui fédère également les éleveurs. Elle a été créée en 1922. Elle héberge trois lignes de production : conventionnelle (90%), bio (10%) et une spécifique pour le soja.
La visite est assurée par Damien, jeune responsable de la production. Tout commence par le ballet des camions de livraison dans la cour (blé, maïs…). La majorité des
producteurs sont locaux (95% dans un rayon de 40km). Les chauffeurs donnent un échantillon de leur cargaison avant de décharger. Chaque entrant a une fiche qualité avec deux séries de critères : ceux qui déterminent les conditions de refus de la marchandise et ceux qui indiquent la nécessité de modifier la formule (par exemple en ajoutant de la vapeur d’eau pour un constituant trop sec). Les échantillons sont conservés plusieurs mois dans une pièce spécialement aménagée.
Le dosage consiste à appliquer une recette à partir des différents constituants. Tout est réglé par un automate qui verse la quantité voulue à partir des silos de stockage. Suivent le broyage, le mélange avec l’ajout des « premix », des additifs (vitamines, oligo-éléments, pansements gastriques…). Les produits finis sont stockés dans des silos. Des camions viennent s’y servir directement pour des grosses livraisons à des professionnels. Une partie de la production est distribuée dans des jardineries sous forme de sacs pour des particuliers.
Enfin, nous avons fini la visite par la chaîne de traitement du soja. Elle produit du tourteau (granulés) utilisé dans l’alimentation des animaux et de l’huile de soja. L’objectif est de maîtriser la chaîne d’approvisionnement des éleveurs pour garantir le respect des normes (soja garanti sans OGM, principalement d’origine française).
Une fois la programmation faite, la chaîne fonctionne en autonomie. Néanmoins, Rachid, le technicien, n’hésite pas à repasser à 4h du matin ou à 23h quelquefois, pour vérifier les réglages.
ETAPE 2 : où sont élevés ces poulets
Ensuite, direction Durfort-Lacapellette (82) où Benoît un jeune agriculteur nous montre ses bâtiments neufs automatisés (approvisionnement en continu des aliments, chaîne de distribution d’eau, gestion de l’ouverture des volets d’aération et de ventilateurs en fonction de l’heure de la journée ou de la température…). Des ouvertures permettent aux poulets de sortir et de gambader librement, ici dans un champ de Luzerne, tel que prévu par le cahier des charges.
Cette technologie ne déshumanise pas. Bien au contraire, j‘ai entendu plusieurs fois l’expression « bien-être animal » dans sa bouche. Mais elle facilite un peu le travail de l’agriculteur. Il a pu investir dans ce moyen de production sur plusieurs années car il a une visibilité sur les commandes de la coopérative. La cuisine centrale prévoit dans ses menus des semaines de poulets bio (1 fois par mois en maternelle et en élémentaire) longtemps à l’avance. Cela permet à la coopérative de programmer les
abattages et les périodes où l’éleveur occupe ses hangars.
Avec les mesures préventives, il y a au minimum 3 semaines de vide sanitaire entre deux « bandes », le temps de nettoyer et désinfecter. Il est donc primordial pour le producteur de volailles d’avoir un planning de production sur l’année pour s’organiser dans une filière difficile à cause des épizooties de ces dernières années.
Tout au long de la journée, nous avons rencontré des gens passionnés par leur métier qui sont heureux de le faire découvrir aux consommateurs en toute transparence.