Après les écoles Fabre, Alexandre Fourtanier, Ernest Renan, Michelet … c’est au tour de la maternelle du Béarnais, à Toulouse, d’accueillir des mamans qui ont à coeur de savoir si leurs enfants mangent bien à la cantine et de se faire leur propre idée sur l’état de la restauration scolaire dans notre belle ville rose. Alors, est-ce aussi rose dans les cantines ?
Des plats aux saveurs mitigées, des quantités parfois insuffisantes, des interrogations sur la place des féculents dans les menus, des informations sur le personnel encadrant et l’environnement dans lequel les petits mangent : je vous invite à découvrir le récit que m’ont transmis 3 mamans d’élèves de l’école maternelle du Béarnais. Point intéressant à noter : les hasards du calendrier ont fait qu’elles ont déjeuné à la cantine le jeudi 14 avril, le même jour que les mamans de l’école Alexandre Fourtanier (élémentaire et maternelle) dont vous pouvez également lire le témoignage dans ce blog en cliquant ici. Question : pour un même menu servi en maternelle, les avis se recoupent-ils ?
LE COMPTE RENDU
Nous sommes 3 mamans à déjeuner à la cantine, au deuxième service (à 12h30), chacune à une table avec environ 10 enfants. Deux personnes de la mairie de Toulouse ont fait le déplacement pour nous accueillir et répondre à nos questions à la fin du repas. Nous les remercions pour leur disponibilité : c’est nous, parents, qui avons abrégé l’entretien car nous devions retourner à nos activités professionnelles. Il s’agit de la responsable des agents techniques (Mme Denamiel) et de M. Rouquier, le responsable de tous les agents (agents techniques + ATSEM sauf direction du CLAE)
Au menu du jeudi 14 avril (maternelle) :
– Salade verte
– Blanquette de veau ou galette épinard, pommes de terre vapeur
– Fromage (Cantal)
– Compote de pommes
Le pain : il est mou, sec, insipide. Les enfants n’ont pas le droit d’en prendre au début du repas, mais seulement après avoir mangé un peu de salade.
La salade verte : elle est présentée dans un saladier. L’assaisonnement est correct : ce n’est ni fade, ni trop huileux contrairement à ce que pourrait laisser penser l’aspect. Il y a des grains de moutarde. La quantité est suffisante : certains enfants n’aiment pas du tout, d’autres au contraire en raffolent et demandent à être resservis.
La blanquette de veau : la quantité de veau est insuffisante. Une barquette correspond à 10 enfants. Les parents testeurs n’ont pas pu y goûter (ils ont laissé leur part aux enfants). L’aspect de la viande, avec un regard d’adulte, est parfois peu ragoûtante. Je n’ai, pour ma part, pas réussi à couper un morceau avec les couteaux fournis : ce n’est peut-être pas une viande adaptée à des enfants de maternelle.
La sauce est correcte mais elle est peu appréciée par les enfants.
Les pommes de terre : elles sont fades, sans trop de goût mais elles sont appréciées par les enfants. En tant qu’adulte qui avait faim, c’est l’idéal pour remplir l’estomac, mais pas pour satisfaire ses papilles. Plusieurs enfants ont demandé à être resservis.
La galette épinard/emmental : servie aux enfants qui ne mangent pas de viande, elle n’a pas beaucoup de succès. En tant qu’adulte, je m’attendais à un plat fade et à des épinards filandreux, mais j’ai été agréablement surprise par le goût. Malgré tout, comme rapporté par d’autres parents ayant testé ce plat, ce goût est en revanche difficilement définissable. Très peu d’enfants en ont mangé, et ceux qui en ont pris n’ont pas fini. L’aspect du plat et sa texture ne sont peut-être pas adaptés à d’aussi jeunes enfants.
Le Cantal : il s’agit de portions servies sous plastique dans une barquette. Sa consommation est mitigée. A ma table, peu d’enfants en ont mangé, mais certains en ont pris deux portions. Les portions sorties du frigo et délaissées doivent être jetées : elles ne peuvent pas être remises au frais pour une « seconde utilisation ».
La compote : le goût est très correct. Certains enfants n’aiment pas, d’autres demandent à en reprendre. En tout cas, tout a disparu, il n’en restait plus !
La question des féculents
Ce jour là, il y avait de « vrais » féculents : les pommes de terre ont permis, je pense, à beaucoup d’enfants d’avoir l’estomac rempli. Pour rappel, le pain ou les pizzas sont considérés lors des commissions menus de la cuisine centrale comme des féculents et il n’y a pas souvent (en tout cas pas tous les jours) du riz, des pâtes, des pommes de terre. Pour des enfants, que ce soit de maternelle ou d’élémentaire, c’est pourtant un élément essentiel pour satisfaire le sentiment de satiété. Pour certains enfants qui n’ont mangé qu’essentiellement des pommes de terre, je me demande comment ils auraient vécu leur après-midi si on leur avait servi des épinards. L’équilibre alimentaire a certes un rôle très important, mais il conviendrait de s’assurer également que les différents menus choisis conviennent aux besoins d’enfants qui se dépensent toute la journée.
Il est à noter également que nos impressions et celles des parents qui ont testé le même repas le même jour varient sur certains points. Les réactions des enfants également. Il est donc certes difficile de satisfaire tous les enfants, mais certaines remarques telles que la quantité de viande, ou la présence nécessaire de féculent tel que le riz ou les pâtes, seraient à prendre en compte côté mairie.
De l’avis du personnel encadrant, ce que les enfants aiment le moins sont les salsifis, céleris en branche, et radis (ouf, il n’y en a pas souvent …)
Le personnel encadrant
Ce jour-là il y avait un personnel encadrant absent. En ajoutant un enfant malade et un autre blessé pour lequel il a fallu un adulte présent avec eux en attendant les parents, nous avons pu mesurer l’impact d’une seule personne manquante sur une petite structure (3 classes de maternelle) pendant le temps cantine.
A ma table, nous étions 2 adultes et nous avons été, je trouve, très sollicités pour les enfants : demande d’être resservi, questions diverses, besoin de parler de sa matinée…
Aux deux autres tables, pour diverses raisons, les 2 mamans testeuses ont été parfois seules à leur table et ont bien pu noter que 1 adulte pour 10 enfants, c’est insuffisant (ce jour là il y avait des enfants absents la moyenne est d’un adulte pour 12).
Quand on pense qu’il y a des rumeurs de passage à 1 adulte pour 14 enfants, cela n’a rien de rassurant car ce n’est pas suffisant pour assurer une prise en charge, une surveillance et un service serein des enfants.
Comment ça marche à la cantine
Les repas sont livrés à l’école vers 9h / 9h15. Il y a tous les jours 2 services, sauf le mercredi où il n’y a qu’un seul service. Il y a environ 35 enfants au premier service et 40 au deuxième. L’école ne possède qu’un four qui permet de réchauffer 36 barquettes.
Pour rappel, toutes les barquettes passent au four à 160° sauf les frites, seul aliment pour lequel les règles de réchauffage sont différentes.
Avant de servir un enfant, on lui demande s’il aime. Si c’est le cas, on lui sert une portion, sinon on lui en met très peu pour qu’il goûte et il peut en redemander. De l’avis des adultes, cela diminue la quantité de nourriture jetée : ce jour là, même pas l’équivalent d’un grand sac poubelle de 100 litres a été jeté pour les deux services.
Les enfants qui ne mangent pas de viande, ou qui ont des allergies, sont identifiés par des couleurs sur le « tableau des enfants » installé à la cantine et sur les feuilles d’appel.
La salle était assez calme lors de notre repas.Le CLAE a mis en place, dans le cadre du projet pédagogique, des outils ludiques qui aident à veiller au bien-être de chaque enfant. Il y a pour cela des images sur les tables, représentant l‘attitude à avoir pour passer un bon repas dans de bonnes conditions : parler doucement, aider au rangement des couverts dans les pots à disposition, vider les assiettes dans les poubelles de table avec l’aide d’un adulte, s’asseoir correctement sur sa chaise, dire s’il te plait et merci. L’adulte se sert du support d’images tout au long du repas pour rappeler les règles à table et les enfants sont responsables collectivement de la note attribuée de leur table.
A la fin du repas, les adultes discutent avec les enfants et désignent ceux qui vont mettre une étiquette à côté des photos des enfants dans la couleur correspondante : vert = bien mangé / orange = a goûté / rouge = n’a pas trop bien mangé. Grâce à ce tableau, les adultes remplissent au cour de l’après midi un classeur qui est mis à la disposition des parents : ces derniers peuvent ainsi savoir comment s’est passé le repas de son/ses enfants.
Je suis ce blog avec beaucoup d’intérêt, et je suis abasourdie et furieuse de constater à quel point une mairie peut faire montre de radinerie et de manque de respect vis-à-vis des enfants de la commune qui déjeunent à la cantine.
Un de mes enfants est scolarisé en CM2, et raconte depuis le début de l’année des anecdotes consternantes quant à la restauration scolaire dans un pays riche (et dans une commune où le tarif de la cantine s’élève pour nous à 5.50 euros) :
ce n’est pas seulement la qualité qui est en jeu (un indice : les frites sont le plat le plus détesté par les enfants à la cantine, c’est dire à quel point elles doivent être mauvaises), mais surtout la quantité. Les enfants ont faim. Un enfant de 11 ans a faim quand on lui a octroyé très exactement 4 pommes noisettes, ou 3 anneaux de calamars à la romaine (véridique). Les enfants ont faim, et comme il n’y a pas de quoi resservir tout le monde, dans un grand souci d’équité, on jette sous leurs yeux dans des poubelles placées près des tables les yaourts à la fraise ou les pommes de terre qui restent dans le plat. Comme ça, tout le monde a faim pareil. J’apprécie d’autant plus les discours de la mairie sur la maîtrise du gaspillage. Les enfants ont faim comme lundi dernier, lorsque la cuisine centrale a oublié des repas, et que les enfants se partagent à 18 (2 tables de 9) un saladier de salade de tomates, et reçoivent en dessert un DEMI-FLAMBY (non vous ne rêvez pas) astucieusement réparti en deux parce qu’il manque des parts.
Ma facture de cantine ne sera, elle, pas divisée en deux. L’astucieuse répartition de trois cacahuètes à des enfants ne s’applique qu’à la nourriture.
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Bonjour Valérie, je comprends votre indignation et je vous remercie pour ce nouveau témoignage qui relate des faits précis et incontestables. Je dis cela car la mairie nous a souvent dit que notre école était un cas isolé, que nous avions des ressentis non partagés, et que le constat de diminution des portions était un « fantasme ».
Le fait que les enfants n’aient pas assez à manger devient un problème préoccupant. Même les adultes qui mangent avec les enfants à la cantine s’en plaignent et certains disent « mourir de faim ». Inacceptable ! Si vous souhaitez entrer dans notre collectif (nul besoin d’être parent délégué pour cela) ou pour toute question, n’hésitez pas à envoyer un email à : [email protected]
Cordialement,
Christine
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Bonjour, je suis heureuse de découvrir ce blog.
Je travaille dans une école et je mange avec les enfants, dès mes premiers repas j’ai été très surprise de me rendre compte que des nutritionnistes pouvaient établir des repas sans féculents pour des enfants …!!!!! Cela est fréquent et incompréhensible pour moi.
Par ailleurs, sans parler des goûts proposés, les quantités sont insuffisantes et je me réjouie de voir que les parents se mobilisent pour changer les choses. Ces deux constats sont inquiétants
et récurrents.
Quelle bonne idée de venir constater par vous même !!! ( prévoyez un encas dans votre sac, car vous risquez d’avoir faim après avoir mangé )
bonne continuation
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Bonjour, et merci pour votre message.
La question des féculents, nous l’avons posée à la cuisine centrale. En résumé, s’il y a seulement du pain dans un repas, c’est considéré comme un féculent. Ensuite, s’il y a par exemple une madeleine en dessert, c’est aussi considéré comme féculent (!). Idem pour les petits pois. Ainsi, la cuisine centrale respecte les recommandations nutritionnelles du GEMRCN (Guide la restauration collective édité par le ministère des finances) qui stipule qu’il doit y avoir, sur 20 repas, au moins 10 fois des féculents (et des céréales, qui sont amalgamées avec les féculents). A nous, parents, cela paraît peu pour des enfants en pleine croissance mais pour l’instant, c’est ainsi.
Il faut aussi savoir que les pâtes simples, par exemple, supportent mal d’être travaillées en liaison froide, c’est à dire préparées 3 à 5 jours à l’avance, refroidies à -20°C puis réchauffées.
Comme vous le voyez, … on a du pain sur la planche !
Cordialement,
Christine
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