Y a-t-il un Père Noël dans l’assiette ?

Jeudi 23 novembre : à l’heure où Toulouse se pare de ses décorations de Noël, j’arrive à l’école Fabre, où mon fils est scolarisé en CM2, pour un nouveau déjeuner test. Objectif : voir si la situation a évolué depuis mon dernier passage, en février 2017.

 

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12h10. Les premiers enfants arrivent. Ils sont affamés et aujourd’hui, ils ont de la chance : il y a des pâtes ! Cela n’est pas si courant à la cantine. Faire cuire des pâtes à hauteur de 33000 repas qui soient mangeables à la sortie … pas facile.

Même si je ne crois plus au Père Noël, j’espère quelque part au fond de mon coeur que je trouverai dans l’assiette quelques bonnes surprises. Avec tout le travail d’amélioration que le collectif a entrepris avec la cuisine centrale et la mairie de Toulouse depuis juillet 2016, j’aurais l’estomac noué de constater que les enfants ressortent de la cantine en ayant mangé trois fois rien.

Il est 12h10. Avant de prendre un plateau, je pose quelques questions à la volée parmi l’essaim de CE2 et de CM1 qui déboule devant la ligne du self (la cantine a été transformée en self en 2016, les enfants comme le personnel semblent satisfaits de ce changement). « Ces temps-ci, c’est bon », « La viande est un peu froide et les rations trop petites », « Le pain, ça va », « Les plats sont parfois trop compliqués, des choses spéciales pas très bonnes » entends-je de ci de là. Au sujet de la viande servie pas assez chaude, reproche fréquent entendu depuis que je hante la cantine, je pose la question à M.Rouquié. Toujours là lors des déjeunes tests, M. Rouquié, Responsable de Vie Scolaire, supervise dans une trentaine d’écoles tout ce qui touche aux infrastructures et aux équipements des établissements, y compris la cantine et son personnel.

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Les barquettes sont tenues au chaud sur des plaques vitrocéramique. 

Sa réponse : « selon les normes, la viande doit sortir des fours de réchauffage à 63°C minimum. Nous, nous sommes toujours au-dessus, à 72°C. Ensuite, les barquettes contenant les plats sont maintenues au chaud sur les plaques en vitro-céramique du self ». Inutile de rappeler que ces barquettes en plastique sont dans le collimateur de notre collectif depuis longtemps. Nous faisons des pieds et des mains pour inciter la mairie à trouver une alternative afin de ne pas faire peser sur nos enfants la menace des perturbateurs endocriniens.

M.Rouquié poursuit : « nous allons vérifier s’il y a un problème de réglage des plaques. Cela dit, il faut aussi tenir compte du temps d’attente des plats, de la tenue à la chaleur selon les viandes et aussi, du temps que l’enfant met à manger son entrée par exemple« .

Au menu de ce jeudi 23 novembre :
– Champignons à la crème
– Saucisse de porc fraîche ou saucisse végétale
– Pâtes papillons beurre
– Emmental bio
– Pétales de fruits séchés

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Menu du jour : champignons, saucisse et pâtes, fromage, fruits séchés. 2 composants bio : le pain et le fromage. 3 produits régionaux : la saucisse de Toulouse, le fromage, les fruits séchés.

Les champignons : des champignons de Paris émincés en salade, accommodés avec une sauce citronnée à la crème fraîche et ciboulette ciselée. Dit comme ça, ça peut faire envie. Mais c’est le flop total. A ma table et alentour, les ramequins contenant les champignons restent pleins. « Acide », « goût de flotte », « dégoûtant », « j’aurais préféré chaud »… les critiques fusent sur cette nouveauté bien mal accueillie. Celui qui a dit que les enfants n’aimaient pas spécialement la nouveauté en cuisine aurait-il un peu raison ?

 

champignons
Les champignons servis en entrée. Pour ma part, je les trouve fades, froids et sans consistance. Les enfants n’en ont pratiquement pas mangé. Dommage, c’était le seul légume du repas.

La saucisse fraîche de Toulouse : elle par contre, est appréciée des écoliers et disparaît des assiettes assez vite. Par rapport à la saucisse du même fournisseur local (Maison Récapé – Haute-Garonne) que j’avais goûtée en mars 2016 (pleine de graisse et d’eau, écoeurante), c’est une bonne surprise. Une saucisse au goût relevé mais pas trop (juste du sel et du poivre), consistante, non grasse, sans eau ni colorants ni conservateurs. Pas mal ! Le fournisseur a-t-il changé son produit ? Je note de poser la question à la directrice de la cuisine centrale lors de notre prochaine réunion à la mairie (le 11 janvier 2018).

La saucisse végétale : là aussi, un bon point. Les enfants qui sont au menu sans viande aiment visiblement. La texture est proche de la saucisse viande. La dimension est identique. Le goût est au rendez-vous. Après lecture de la fiche produit (disponible sur l’application mobile de la mairie « Qui dit miam »), la composition révèle cependant un produit complexe, composé de nombreux ingrédients : on y trouve des protéines végétales (gluten de blé, soja), de l’oignon, de l’huile de colza, du blanc d’oeuf de poule, un arôme (non précisé), de l’amidon, de la dextrose, du sel, du sucre (!), un colorant (caramel ordinaire), un minéral (fumarate ferreux), de la vitamine B12, et de l’eau. Je ne suis pas familière du fumarate ferreux … je lance donc un appel à plus calé que moi pour dire si c’est finalement un bon produit ou pas. Je note de me renseigner plus avant.

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En tant que maman testeuse, j’ai droit à goûter les 2 types de saucisses proposées : l’une pour le menu avec viande, l’autre (végétale) pour le menu sans viande.

Les pâtes papillons beurre : des pâtes classiques de marque Lustucru approuvées à l’unanimité. Elles sont en effet souples, non collantes, juste al dente, généreusement beurrées (et trop salées à mon goût). « J’en aurais mangé plus ! » affirment mes compagnons de cantine.
Du coup, les portions de pain restent sur les plateaux de certains, mais elles seront certainement mangées plus tard au goûter. De l’avis de tous les enfants que j’ai pu interrogés, le changement de pain intervenu début 2017 suscite la satisfaction (« il est bien meilleur ! »), y compris chez les adultes. Ces derniers sont soulagés de ne plus le voir partir à la poubelle comme c’était le cas auparavant et de pouvoir dire : « il ne reste rien ».

Au passage, je regrette de constater une fois de plus que les enfants ne savent pas d’où vient la nourriture servie à la cantine, comment les menus sont élaborés, par qui les plats sont préparés et dans quelles conditions (à part mon fils qui lui est certainement fatigué de le savoir). Les informer, leur expliquer le contenu de leur assiette aurait sans doute des effets bénéfiques sur leur façon d’appréhender ce temps du midi essentiel dans leur journée. Bon, passons au fromage maintenant.

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Emmental bio en portions servies dans l’assiette : mieux que les petites portions sous plastique auxquelles les enfants sont habitués. Tous les fromages ne sont pas encore servis ainsi.

L’emmental bio : encore un petit changement notable. Même si le fournisseur, local, est le même (Les Fromageries Occitanes – Aude), on savoure la différence entre les pauvres petites portions d’emmental sous-vide (presque plus de plastique que de fromage) servies avant janvier 2017 et cette portion d’emmental servie à l’assiette. C’est un fromage qui a du goût et qui se tient, bio de surcroît. Ce fromage fait partie des produits qui ont bénéficié d’une montée en gamme depuis quelques mois.

Les pétales de fruits séchés (pommes) : une nouveauté diversement appréciée, élaborée par un fournisseur montpelliérain. C’est un produit naturel, sans sucre ajouté ni additifs. Je goûte : pas mauvais du tout, un peu léger peut-être mais après une bonne assiette de pâtes, il n’y a pas de frustration.

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En dessert, pétales de fruits séchés : certains enfants n’ouvrent même pas leur sachet. Ils le donnent à leurs voisins ou voisines, tout contents de se retrouver avec 2 ou 3 sachets.

En conclusion de ce repas test je dirais que la critique est toujours vive parmi les enfants mais l’inflexion est là : « avant c’était tout le temps pas bon, maintenant on a un bon repas à peu près une fois par semaine », « on voit moins de poubelles remplies de trucs à manger« .

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Moins de déchets que lors de certains repas auxquels j’ai pu participer depuis 2015 : ça fait plaisir de voir des assiettes vides.

De mon côté, j’ai pu constater que les plateaux étaient en effet nombreux à partir vides vers la zone de plonge, avec nettement moins de déchets. Grâce aux pâtes au beurre ? Grâce aux améliorations apportées aux produits et aux recettes ? Un peu des deux ? Seule réponse aujourd’hui : continuer, persévérer et travailler encore pour améliorer la qualité de ce que la collectivité donne à manger à nos enfants. Et ne pas compter sur le Père Noël !

Tous les parents peuvent demander à déjeuner à la cantine, le jour de leur choix. Il suffit d’en faire la demande, 10 jours avant, à la responsable de secteur : pour le Nord et le Centre : Hélène de Peco ([email protected]) ; pour l’Est : Jeanne Aklil ([email protected]) ; pour l’Ouest : Elodie Dupont ([email protected]).

 

 

 

4 réflexions sur “Y a-t-il un Père Noël dans l’assiette ?

  1. Bonjour,
    je suis animatrice en CLAE et comme vous j’ai mangé ce repas.
    Les champignons en effet, ce fut un échec total. Ils auraient été meilleurs crus. Là je pense qu’ils avaient tenté de les pocher, mais ce fut raté.
    La saucisse n’est pas trop mal en goût mais elle est très sèche car archi cuite. Pour la saucisse végétale, c’est un truc bien chimique qui rappelle les knackis, mais ce n’est vraiment pas terrible. Un poil spongieux quand même Je l’ai mangée en sandwich avec le fromage pour la faire passer. J’ai demandé à avoir des repas sans viande, pour échapper aux plâtrées collantes en sauce et au redoutable rôti de boeuf, ce jour là je suis arrivée en fin de service donc j’ai pris d’abord de la saucisse, au cas où des enfants sans viande n’auraient pas été servis, voyant qu’il n’en restait presque plus. Au final tout le monde était passé, donc j’ai aussi pris une saucisse végétale.
    Pour les pâtes, comme d’habitude trop cuite et insipides, et pas du tout al dente et trop salées.
    Le fromage ça va, mais très salé lui en revanche.
    Et pour finir, les pétales ….. oui enfin en goûter ça peut passer mais en fruit, c’est une grosse blague. Portion ridicule, fraises séchées pas terribles, pommes sans goût.
    Le pain, oui il est meilleur, mais chez nous il est bien trop cuit, limite cramé. Le boulanger a un souci avec son four je pense.
    C’était un repas moins pire que d’habitude, certes, mais il y a encore du boulot avant d’avoir quelque chose qui tienne la route.

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    1. Bonjour Agnès,
      Merci pour cette description détaillée qui témoigne de votre ras le bol de la cantine, vous qui y mangez tous les jours. Vous êtes plus sévère que moi, mais les ressentis diffèrent d’une personne à l’autre et aussi, d’une cantine à l’autre par exemple selon la façon dont les plats sont réchauffés. D’accord avec vous pour dire que les pâtes étaient très salées (pourtant, j’adore le sel mais là c’était trop) et le sachet de pétales de fruit très léger. Pour le pain, le collectif peut faire remonter l’info à la cuisine centrale (nous les voyons le 11 janvier). Cordialement, Christine.

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      1. Bonjour
        Pour les pâtes, je les ai trouvées insipides et trop cuites. Manque cruel de goût, cuites à l’eau, pas de sel au contraire. Et grasses.
        Je suis sévère en effet car je trouve scandaleux de payer le prix qui est demandé aux parents pour manger si mal et si peu équilibré.
        Je m’alimente ainsi depuis novembre 2014, et souvent quand je sais que ce na va pas être mangeable, soit j’amène ma gamelle, soit je mange chez moi en rentrant à 14 pour ma coupure.
        Ces temps ci c’est gras et protéines à gogo. Il faut faire des réserves pour l’hiver.
        De plus, je pense qu’ils ont des stocks d’oeufs en poudre ou en jerricans à écouler, ainsi que des courgettes (super en hiver, c’est pile poil le légume de saison. Soit ça vient d’Espagne et on connait la qualité, soit c’est du congelè) et des haricots plats (même remarque que pour les courgettes. Omelettes, gratins de courgettes à la béchamel ou, le must, à la tomate, et haricots plats. Ces 3 plats cordon bleu reviennent toutes les semaines.
        Le must dans mon école fut lundi dernier avec la grande réussite (à prendre au degré que vous voulez, sauf au premier) que sont les fantastiques lasagnes au thon. Avec le personnel technique nous appelons ça « la bouffe pour chat »…..Odeur à vomir, goût de mauvais concentré de tomate, agrémenté de vieux thon périmé. Mon repas fut donc sandwich pain/beurre/saucisson et re-sandwich fromage hyper salé. L’entrée et le dessert. Et du gras, et de la protéine. Normalement il devait y avoir des raviolis aux légumes, pas terrible mais ça reste comestible.
        Il serait temps peut être de se révolter, de refuser de payer pour cette nourriture qui est la plupart du temps inmangeable et qui finit à la poubelle.
        Je me demande franchement comment font les enfants pour arriver jusqu’à 16 heures avec juste du pain et le dessert dans l’estomac la plupart du temps.
        Nous incitons les enfants à goûter, mais parfois la pédagogie a ses limites.
        J’attends avec curiosité le repas « de Noël ». Ayant opté pour le sans viande, je m’attends à un vulgaire carré de poisson avec un bout de citron dessus. Le chapon je ne vais même pas essayer, où alors il faudra que je tourne au coca la mpoitié de l’après midi pour arriver à digérer la sauce.
        A bientôt pour de nouvelle aventure à la cantine d’Indiana Jones ……..

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  2. Bonjour
    nous avons donc eu aujourd’hui « LE » repas de Noël. Triste, ça résume le tout. Triste d’une part car la curiosité alimentaire des enfants est limitée, et là ce n’est pas la faute de la cantine. Ils se réjouissent quand il y a les potatoes (la veille), pas bonnes, mais psychologiquement c’est un aliment connu, qui additionné de ketchup, connu aussi, se mange même si ça n’a franchement aucun intérêt.
    Donc autant dire que des endives en entrée, avec la mimolette, la fameuse mimolette de la Mairie, c’est échec. Les enfants qui en prennent sont rares. Mais c’est comestible ça au moins.:
    Ensuite le plat. Alors, comment dire que les parents qui ont choisi le menu sans viande se sont fait bien escroquer ? Un ridicule bout de poisson bouilli avec un quart de rondelle de citron, ça c’est fait. Pour le chapon, quelque chose de gras, mou et insipide…. Et d’inconnu pour les enfants, donc poubelle.
    La purée de butternut était plutôt bien. Mais là encore, sortis du Mac Do et de la pizza, ça ne le fait plus. Donc, re-poubelle.
    Passons au dessert. Pour ma part, je n’ai pris que les valeurs sûres, les mandarines. La papillotte je n’aime pas, et la bûche pâtissière premier prix je n’ai jamais pu l’avaler. Donc je ne peux pas dire à quoi ça avait goût. Mais ce sont grosso modo ce que la plupart des enfants ont mangé. Car même les mandarines, certains n’en veulent pas.
    La conclusion ? Pas top mais ça c’est tout le temps, mais aussi très révélateur du peu de diversification alimentaire des enfants. Et là ce n’est pas la faute de la Mairie, mais bien des parents ………. Les jours de pizzas, potatoes, nuggets ou wings c’est l’émeute. Quand il y a autre chose, de mangeable comme par exemple la purée de cemidi, c’est la poubelle …..
    A méditer quand même.

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