Le plastique, c’est pas fantastique

Vous avez dit « perturbateurs endocriniens, danger pour la santé, prolifération des déchets  » ? Entre contraintes financières, difficultés techniques et crainte des grèves, la Ville de Toulouse envisage difficilement l’avenir de la restauration scolaire sans barquettes en plastique.

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Passer du plastique à une matière sans danger pour la santé (que ce danger soit avéré ou soupçonné), serait-ce aussi difficile que d’aller de la Terre à la Lune ?

« Nous souhaitons que la Ville de Toulouse accepte de reconsidérer l’usage des barquettes en plastique pour le conditionnement et le réchauffage des plats » : c’était l’une de nos questions, lors de notre réunion du 27 septembre dernier au Capitole avec les représentants de la mairie.

Passer du plastique à l’inox, matière inerte : nous avions déjà essuyé un refus en 2016. Il en faut plus que ça pour nous voir renoncer. On a remis le sujet qui fâche sur le tapis, tant pis. Hélas, la réponse est la même aujourd’hui : c’est « NON ». Les explications sont à la fois financières et techniques. Le système a ses raisons que le coeur des parents peinent à admettre.

L’ensemble du matériel de la cuisine centrale, qui est renouvelé à hauteur de 20% par an, est en effet prévu pour THE barquette.
Changer ce matériel (l’équipement le plus ancien a 3 ans) et les process qui vont avec représenterait un coût que « la Ville de Toulouse ne peut assumer ». Celle-ci doit également « prendre en compte la santé des agents« , en cuisine centrale comme dans les cantines. La crainte des grèves des personnels par rapport à la manutention et à la plonge, si le choix des contenants inox était fait, est forte et constitue un point de blocage supplémentaire. En 2009, une étude de faisabilité menée par la cuisine centrale avait déjà abouti à ces mêmes conclusions.

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On n’est pas tout seuls !! A Strasbourg, mais aussi à Bordeaux, Montpellier, Nantes, … les voix des parents s’élèvent pour réclamer une alternative au plastique.

Afin de nous rassurer, la non toxicité du plastique des barquettes utilisées par la cuisine centrale nous est nouveau confirmée : nous avons vu la fiche technique de ces barquettes, fabriquées par la société Crescacet. Elles ne contiennent pas de bisphénol A. Elles sont en polypropylène homopolymère thermoformé : cette matière « démontre une très faible migration lorsqu’il est mis en contact avec des aliments« .

Certes … « en l’état actuel des connaissances » comme nous avons tenu à le préciser. Car le doute est réel quant à une nocivité à long terme des divers composants chimiques (pas seulement le bisphénol A et les phtalates) présents dans les plastiques alimentaires pour les personnes qui y sont exposées tous les jours, ainsi que pour leurs descendants.  Et plus encore lorsqu’il y a effet cocktail, si l’on ajoute les polluants contenants dans les aliments, l’air, etc. On en a froid dans le dos.

Le plastique est bien entendu un très mauvais élève sur le sujet de la préservation de l’environnement. Ses proliférations coûtent à la collectivité en termes de gestion des déchets. Un parent s’est « amusé » à faire quelques calculs : « si l’on compte 10g de plastique par repas (estimation basse), la cantine produisant environ 30 000 repas, cela fait 300 kg de barquettes plastiques qui finissent à la poubelle quotidiennement, soit en gros 1,5 tonne par semaine« .

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En termes de santé publique et de gestion environnementale, le plastique apparaît comme un moyen coûteux pour la collectivité.

Si une matière autre que le plastique arrive sur le marché et permet d’envisager des contenants de même poids et de même format que les barquettes actuelles, la mairie pourrait réviser sa position. On l’espère vivement !

Les choses bougeront peut-être sous la pression des citoyens et des parents que nous sommes. Strasbourg en est l’exemple porteur d’espoir : le collectif Projet Cantines Strasbourg a obtenu l’arrêt programmé des barquettes en plastique dans la restauration scolaire d’ici à 2021. La situation n’est pas la même qu’à Toulouse : la Ville de Strasbourg fait appel à une société privée pour alimenter les écoliers et le nombre de repas s’élève à 23 000 (contre 33 000 pour Toulouse) mais c’est une belle victoire.

Aujourd’hui, des voix s’élèvent ainsi un peu partout en France. Nous sommes entrés en contact avec des collectifs de parents très motivés qui poursuivent le même but que nous à Bordeaux, Montpellier, Nantes et donc, Strasbourg également. Ce qui est impossible maintenant ne le sera peut-être plus demain.

A lire :
la lettre de l’ASEF à Nicolas Hulot concernant les perturbateurs endocriniens. L’ASEF est une association composée de médecins et d’autres professionnels de la santé qui s’intéresse aux relations santé / environnement.

 

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